Camille Rives est responsable d’investissement au sein du département Ville Immobilier Tourisme de la Direction des Investissements et du Développement Local de la Caisse des Dépôts. Elle a notamment en charge la filière bien-être et thermalisme dans son portefeuille d’investissement.
Camille, la Caisse des Dépôts intervient de plus en plus sur des stations thermales et des projets avec un volet bien-être. Quelle est la stratégie en matière de sélection des projets à financer ?
Camille Rives : La Caisse des Dépôts se donne pour priorité d’accompagner, par ses investissements territoriaux, les grandes transitions de notre société. Le thermalisme, et le « wellness » d’une manière générale, rentre pleinement dans la transition territoriale, car ce sont des équipements structurants pour l’économie des territoires, et la transition démographique, avec le vieillissement de la population.
Le premier critère essentiel pour nous est la présence d’un opérateur de qualité, capable de nous offrir une vision innovante avec un positionnement produit novateur et adapté aux spécificités du territoire. Nous sommes très attentifs à ce que nos partenaires proposent des offres en lien avec l’évolution des attentes des clientèles.
L’un des défis pour le thermalisme sera d’attirer des courts séjours. Or, la clientèle de tourisme n’attend pas les mêmes prestations que la clientèle de curistes – notamment en ce qui concerne l’hébergement par exemple. Il n’y a pas d’exclusivité, nous pouvons travailler avec tous les opérateurs.
Le second critère est la localisation du projet et l’impact sur le territoire. Ce point est particulièrement important dans le thermalisme car souvent le centre thermal est le coeur économique de la station et tire les autres activités (hébergement, commerces, etc…). L’attractivité d’ensemble de la destination et la gouvernance locale entre les différents acteurs du tourisme sont des facteurs clefs de succès d’un projet. N’oublions pas que le curiste est avant tout un touriste ! Le volet hébergement et sa cohérence avec le projet d’ensemble est par exemple un point essentiel pour nous.
Enfin, le dernier critère est celui de la rentabilité économique de l’opération. Nous analysons avec notre partenaire son BP d’exploitation et s’assurons de la faisabilité économique et commerciale du projet. Nous sommes très vigilants à ce que les revenus d’activités permettent en premier lieu de créer de la valeur et assurent la pérennité de l’exploitation. Le couple risque – rendement est adapté à chaque opération.
Nous sommes capables de concevoir des montages sur-mesure, notamment sur des opérations complexes et innovantes avec un horizon de liquidité long terme, entre 8 et 10 ans.
Pourriez-vous nous citer des projets sur lesquels la Caisse des Dépôts est intervenue ou que vous accompagnez actuellement ?
C.R. : Le bien-être est une véritable tendance de fond qui ne va pas s’arrêter demain. Nous voulons accompagner des projets qui font de la prévention santé un axe stratégique, que ce soit dans le secteur du thermalisme, mais aussi de la thalasso et des Spas.
Dans le secteur du thermalisme, la station thermale de Châtel-Guyon est une opération importante que nous avons réalisée aux côtés de France Thermes. Aujourd’hui, nous intervenons sur une vingtaine de stations, soit sur le volet ingénierie, afin d’accompagner des réflexions sur l’avenir de ces équipements (comme c’est le cas actuellement sur les stations thermales de Royat, Luchon et Rochefort par exemple), soit par l’étude de projets d’investissement, que ce soit pour la construction d’un centre thermal avec résidence de tourisme sur Santenay en Bourgogne ou l’extension / modernisation du centre thermal de Montbrun les Bains.
Nous sommes également en discussion avec des opérateurs thalasso pour la création de resort bien-être, un axe stratégique que nous souhaitons développer en 2017.
