C’est lors du dernier Global Wellness Summit, qui s’est déroulé à Tel Aviv en novembre dernier, que le Global Wellness Institut (GWI) a dévoilé son dernier rapport « Définir la politique de bien-être », la première recherche à définir et à expliquer pourquoi la santé et le bien-être devraient être intégrés dans les priorités de toutes les politiques.
« Pour chaque augmentation annuelle de 800 € des dépenses de bien-être, l’espérance de vie augmente de 1,26 an. »
KATHERINE JOHNSTON & OPHELIA YEUNG
Directrices de Recherche Global Wellness Institute
Le bien-être peut compléter les lacunes laissées par la politique de santé publique
Pour identifier la relation entre les dépenses de bien-être, les niveaux de bonheur et les résultats pour la santé, les chercheurs du GWI se sont associés au Dr Shun Wang, auteur et statisticien clé du World Happiness Report . Pour réaliser cette étude, le GWI a utilisé les données des rapports sur l’économie du bien-être édités par leurs soins (mesurant les dépenses de bien-être sur plus de 200 marchés), le sondage mondial de Gallup (pour les mesures du bonheur mondial) et la Banque mondiale (pour l’espérance de vie nationale et les niveaux de revenu). Les résultats ont ainsi été ajustés en fonction des niveaux de richesse et de revenus, ce qui signifie que cette étude est représentative de toutes les classes sociales de la société et non uniquement de celles les plus riches.
Ainsi, dans tous les pays, pour chaque augmentation de 844 $ (806 €) des dépenses de bien-être par personne, le niveau de bonheur moyen augmente de près de 7 %. Une augmentation de 769 $ (738 €) des dépenses de bien-être par habitant est associée à 1,26 année de vie supplémentaire. Bien que corrélation ne signifie pas nécessairement causalité, ces résultats importants indiquent clairement que les dépenses de bien-être présentent des avantages pour la santé et le bien-être. Un prochain livre blanc du GWI développera ces résultats, analysant les relations entre les dépenses dans chaque secteur du bien-être – qu’il s’agisse d’activité physique, d’alimentation saine, de médecine traditionnelle ou de bien-être mental – et comment elles sont associées aux mesures de résultats pour la santé et le bonheur.
Avec ce rapport d’un peu plus de 40 pages, le GWI affirme qu’il s’agit de la première recherche à définir ce qu’est une politique de bien-être et à présenter un argument convaincant et étayé par de preuves pour expliquer pourquoi elle est si nécessaire. En outre, il fournit une analyse quantitative de la relation entre les dépenses de bien-être, le bonheur et les résultats en matière de santé dans les pays. Comme le souligne Ophélia Yeung et Katherine Johnston : « La santé des gens devrait être primordiale, tout comme la santé de la planète, et vraiment les deux vont de pair ».
4 % seulement des dépenses mondiales annuelles consacrées à la prévention
Si les indicateurs de santé et de bien-être étaient précaires avant la pandémie, ils se détériorent davantage aujourd’hui. Nous sommes confrontés à des crises macroéconomiques croissantes : aggravation des maladies chroniques, malaise mental, vies sédentaires, destruction de l’environnement, vieillissement de la population et pressions de la technologie, qui imposent tous des coûts économiques effarants. Les dépenses mondiales de santé ont plus que doublé au cours de la dernière décennie, atteignant 8,5 billions de dollars par an et il est prévu que les maladies chroniques et les troubles mentaux coûteront 4512 milliards d’euros entre 2011 et 2030 ; l’inactivité physique représente un fardeau annuel de 64,8 milliards d’euros et le désengagement des employés au travail coûte environ 748 milliards d’euros par an.
Le GWI estime que seulement 4 % environ des dépenses mondiales annuelles de santé sont consacrées à la prévention, à la réduction des risques et à la santé publique.
Le bien-être pour tous
Dans son rapport, le GWI soutient que le bien-être devrait être accessible à tous et pas seulement à quelques élites. Le bien-être en tant que moteur de consommation a permis beaucoup de choses, y compris de populariser une approche de la santé qui est holistique, de déstigmatiser la santé mentale, et de grandement diversifier les choix proposés aux consommateurs. Mais cela a aussi laissé des écarts flagrants en termes d’accessibilité financière et géographique et ne suffit pas pour que le bien-être soit pour tous. En 2020, bien que l’économie mondiale du bien-être représente 4,4 mille milliards de dollars, seulement 6 % des dépenses bien-être concernaient les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Le bien-être en tant qu’action politique est un concept fort puisque le bien-être vient puiser dans le langage, les désirs et les aspirations des consommateurs, tout en assurant que l’accessibilité au bien-être soit bien plus équitable et inclusive.
Les références aux concepts de bonheur et de bien-être se multiplient, mais leur impact sur la politique reste limité. La conversation reste à un stade très théorique et seulement quelques pays (majoritairement des petits pays et des pays riches, comme la Nouvelle-Zélande, le Pays de Galle et l’Écosse) ont intégré le bonheur et le bien-être dans leurs priorités budgétaires nationales.
Au cours des 12 prochains mois, ce rapport sera enrichi par une série de boîtes à outils, qui comme l’espèrent Katherine Johnston et Ophélia Yeung, lanceront davantage de recherches et des échanges mondiaux dans le domaine du Wellness.
> Pour télécharger le rapport « Defining Wellness Policy », en anglais uniquement, rendez-vous sur : globalwellnessinstitute.org