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Tour du monde du Spa en temps de crise (suite…)

Le Global Wellness Institute™ (GWI), une association à but non lucratif dont la mission est de faire rayonner le Wellness à l’échelle globale, a lancé en avril dernier une série d’interviews avec des leaders et experts du Wellness basés dans le monde entier, afin d’offrir une compréhension approfondie de l’impact de la Covid-19, non seulement sur la réalité actuelle mais aussi sur le long terme.

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Cette série d’interviews fait partie d’une initiative du GWI intitulée PositivelyWell qui met à la disposition de tous une collection de ressources en ligne.

L’objectif est d’éloigner la peur engendrée par la pandémie afin de repenser l’avenir en se recentrant sur le Wellness. Les interviews sont organisées et menées par Beth McGroarty, Vice-Présidente, Recherche et Prospective, et proposent, dans un format court et accessible, de découvrir comment ces experts voient la Covid-19 impacter leurs secteurs aujourd’hui, et leurs prévisions pour les marchés Wellness de demain, au sortir de cette crise qui bouleverse le monde.

« Tant que vous n’êtes pas en train de penser que le monde touche à sa fin, c’est franchement un bon moment pour démarrer des projets hôteliers. »

Neil Jacobs PDG, Six Senses Hotels Resorts Spas

Neil Jacobs
PDG, Six Senses Hotels Resorts Spas

Avec plus de trois décennies d’expérience dans la direction et le développement d’opérations hôtelières, Neil Jacobs est une personnalité bien connue du secteur. Sous son leadership et plus que toute autre marque au monde, Six Senses a transformé la perception que nous avions de « l’hôtellerie de luxe », d’un ensemble excessif d’installations extravagantes au sein d’un palace doré, à la vraie durabilité et le bien-être humain. Avec l’équipe Six Senses, il a mené avec succès la négociation de l’acquisition du groupe par IHG en 2019. Aujourd’hui, le groupe compte 19 resorts dans le monde et des ouvertures sont en perspective…
Neil fait partie des acteurs les plus éclairés, accomplis et honnêtes de l’industrie
du tourisme.

Neil, à quoi va ressembler le paysage du tourisme au cours des prochains mois ? Quels secteurs vont rebondir en premier ?
Neil Jacobs : Les gens vont mettre du temps avant de voyager à nouveau au-delà des frontières. Jusqu’à la fin de l’année et toute la première partie de l’année prochaine, le scénario de la reprise se reposera essentiellement sur le tourisme national. En Asie, il faut se concentrer sur les marchés domestiques mais dès que les pays réouvriront leurs frontières, les Chinois seront les premiers à voyager à l’international et nous allons voir pas mal de voyageurs asiatiques partir vers l’Europe et les États-Unis.
Nous pensons que le secteur du luxe sera le premier à rebondir. Ceux qui en ont la capacité financière sont prêts à voyager, tout le monde en a ras le bol, ils ont envie de faire leurs valises et partir. L’aviation privée va donc tirer son épingle du jeu.
Avec les mesures de distanciation physique susceptibles de perdurer, les établissements situés dans des endroits reculés et privés seront les premiers à regagner en popularité. La plupart des établissements Six Senses fonctionnent selon le modèle de la villa et se situent sur de grands terrains (par opposition aux constructions hôtelières avec des chambres, couloirs et ascenseurs). Nous avons suffisamment d’espace afin que les clients aient leurs propres espaces et puissent se déplacer dans la nature. Ce modèle aura une forte résonance.

Un grand nombre de spécialistes du tourisme mettent en avant un argument selon lequel les gens ont la mémoire courte et que les comportements de demain finiront par être comme ceux de l’avant-pandémie. Nous ne partageons pas cet avis, nous pensons que les comportements vont changer. Nos deux pilliers fondamentaux sont le Wellness et le développement durable et nous pensons que les entreprises engagées dans ces domaines vont connaitre la reprise plus rapidement. Les voyageurs recherchent une offre hôtelière où leur santé et leur bien-être est au coeur des considérations. Ils sont tout simplement plus conscients de cela qu’ils ne l’étaient avant la Covid-19. Nous connaissons tous la croissance qu’a connue l’industrie du tourisme du bien-être ces dernières années, et ceci ne va que renforcer la tendance. Nous avons donc une vision très positive du futur !

Est-ce que la crise sanitaire a changé votre vision de l’avenir de Six Senses ? De vos offres ? De vos priorités ?
N.J. : Au début, nous étions très occupés à fermer les hôtels et gérer les situations des employés. Tout était, chaque jour, vraiment déprimant. Donc, ces derniers mois, nos groupes de travail ont énormément réfléchi à qui nous voulons être lorsque nous réouvrirons complètement. Comment élargir et approfondir ce que nous faisons dans le Wellness et le développement durable ? Oui, il y a des choses évidentes telles que l’hygiène et l’intimité, mais il ne s’agit là que d’une réalité frappante que tout le monde doit prendre en compte. Depuis ces neuf dernières années, le Wellness et la reconnexion à soi sont au coeur de notre mission et, à Six Senses, tous les cerveaux sont en train de réfléchir à comment déployer ces concepts de façon à rendre leurs contenus encore plus tangibles. Je ne souhaite pas en dire plus pour l’instant, mais nous allons rajouter des idées super cools qui vont nous permettre d’approfondir notre offre, particulièrement autour de la dimension humaine, la dimension spirituelle et, oui, même autour de l’amour. Il se passe beaucoup de choses pour préparer les réouvertures ; notre vision et notre offre seront renouvelées et, je l’espère, encore plus pertinentes.

Suite à la fermeture de vos resorts, vous avez créé « At Home with Six Senses », déplaçant vos expériences Wellness dans le paysage digital avec des contenus gratuits et accessibles à tous. Parlez-nous de la génèse de cette aventure digitale. Et allez-vous garder cette version digitalisée de Six Senses après la pandémie ?
N.J. : Nous étions en train de fermer tous nos établissements, nous n’avions pas de temps et très, très peu de marge de manœuvre. De plus, l’équipe exécutive est petite, quelque chose entre 30 et 40 personnes en tout. Mais Anna Bjurstam, notre Pionnière Wellness voulait créer cette plateforme et elle était absolument déterminée. Elle l’a mise en place avec une petite équipe, surchargée de travail. En cinq jours, une poignée de personnes avait créé tout le contenu pour « At Home » qui, au lancement, était vraiment axé sur le Wellness : méditations, yoga, etc. Nous n’avions jamais rien fait de pareil (je n’avais jamais été sur Facebook Live de toute ma vie !), et nous avons eu toutes sortes de problèmes techniques au début. Nous n’étions pas préparés, mais cela nous importait peu puisque nous avions la certitude que c’était la chose à faire. Il fallait que nous soyons présents, que nous répondions aux besoins du monde, de nos clients. Ça a été proposé à l’état brut, sans outils de production vidéo, et c’est ce qui a fait toute la beauté de l’initiative. Nous ne voulions pas faire du marketing pour notre hôtel en proposant des tours virtuels des chambres et installations. Nous voulions dire : voici qui nous sommes en tant que marque, voici ce qui nous tient à cœur.
Il y a eu tellement d’entreprises qui ont rapidement positionné leur offre fitness/yoga/méditation dans le paysage digital que nous avons élargi la programmation au-delà du Wellness : nous proposons des cours de cuisine, des activités, toutes sortes de choses. Nous continuerons à proposer des expériences en ligne après cette pandémie. Ne pas le faire n’aurait aucun sens. Pour nous, cela a été une experience fascinante et couronnée de succès.

L’ouverture de Six Senses Ibiza est prévue pour mi-2021, ce resort avec communauté résidentielle s’étale sur 10 hectares dans une calanque paisible au nord de l’île.

Quels sont vos projets pour l’Amérique du Nord ? J’ai le sentiment qu’aux États-Unis, le marché du tourisme de bien-être a besoin de vous. Qu’est-ce qui est à l’ordre du jour ?
N.J. : Nous avons un projet en cours au Costa Rica et étudions de près des possibilités au Brésil donc il se peut que nous en disions plus à ce sujet dans un avenir proche. Bien sûr, le Six Senses New York est pour nous une grande source d’enthousiasme puisqu’il s’agit de notre tout premier projet urbain, avec un club Wellness, un hôtel et des résidences. Nous avions prévu d’ouvrir à la fin de l’année mais, avec l’arrêt total des chantiers à NYC, nous avons perdu trois mois. Je pense que nous ouvrirons au printemps 2021.
De nombreux projets sont à l’étude : dans le nord de l’état de New York, en Californie et en Floride. Nous serons présents en Amérique du Nord, il y a beaucoup d’effervescence autour de ces projets, mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant. À suivre donc !

Neil, pour conclure, parlez-nous de l’actualité de Six Senses…
N.J. : Nous avions fixé une date d’ouverture en avril pour le Six Senses Shaharut en Israël mais le lancement a été repoussé jusqu’en décembre. Il n’y a rien de comparable en Israël : c’est une très belle propriété à l’atmosphère extrêmement décontractée dans le désert du Néguev, proche d’un petit village et facile d’accès puisqu’il ne faut que 25 minutes pour s’y rendre depuis le nouvel aéroport international d’Eilat – ce qui est assez difficile à imaginer lorsqu’on arrive au Resort qui donne l’impression d’être vraiment éloigné du monde. Le Resort a 60 suites et villas qui se fondent dans le désert, offrant des vues à 360 degrés, un très beau Spa avec piscines, une très forte dimension Wellness et une ferme de chameaux afin de proposer des excursions incroyables dans le désert mais aussi pour faire notre propre lait et fromage.
Vers la fin de l’année, nous ouvrirons le Six Senses Fort Barwara au Rajasthan en Inde, au sein d’un magnifique château fort du 14e siècle – avec un palace et deux temples – qui appartenait jadis au patrimoine royale du Rajasthan et qui a été rénové avec délicatesse. L’ouverture de Six Senses Ibiza est prévue pour mi-2021 ; ce resort avec communauté résidentielle s’étale sur 10 hectares dans une calanque paisible au nord de l’île.
D’un point de vue général, nous sommes optimistes et les promoteurs immobiliers avec lesquels nous travaillons le sont également car l’intérêt porté au business n’a pas décéléré. Tant que vous n’êtes pas en train de penser que le monde touche à sa fin (et si vous le pensez, vous devriez peut-être tout simplement rentrer chez vous), c’est franchement un bon moment pour démarrer des projets hôteliers.

Anna Bjurstam a créé en un temps record, avec une équipe réduite, notre plateforme digitale : « At Home with Six Sense » afin d’apporter au monde une programmation bien-être hebdomadaire pendant la crise de la Covid-19.
Anna Bjurstam a créé en un temps record, avec une équipe réduite, notre plateforme digitale : « At Home with Six Sense » afin d’apporter au monde une programmation bien-être hebdomadaire pendant la crise de la Covid-19.

– Interview organisée et menée par Beth McGroarty –


 

« Les êtres humains ont un désir irrépressible d’exploration et de liberté, et aucun virus ni aucun attentat terroriste ne l’a jamais stoppé. »

Catherine Feliciano-Chon Fondatrice et Directrice, CatchOn – une agence Finn Partner

Catherine Feliciano-Chon
Fondatrice et Directrice, CatchOn – une agence Finn Partners

Cathy Chon est la Fondatrice et Directrice de CatchOn – une agence Finn Partners, l’agence de communication leader en Asie. Elle est une personnalité bien connue du secteur pour sa perspicacité inspirante, son expertise dans le tourisme, l’hôtellerie et le Wellness, et sa connaissance des tendances de consommation en Asie. Les médias lui donnent souvent la parole d’expert, elle est une conférencière recherchée et une professionnelle respectée pour ses 30 années d’expérience dans le brand building ainsi que pour sa perspective, toujours juste et sensée, sur le secteur.

Cathy, vous êtes basée à Hong Kong. Vous avez été confrontée à l’épisode du SRAS, à des manifestations massives et maintenant à la pandémie de la Covid-19. Beaucoup de catastrophes et une « nouvelle normalité », suivie d’une « nouvelle, nouvelle normalité ». À votre avis, quel sera le plus grand impact du coronavirus sur le concept ou le marché du Wellness ?
Cathy Feliciano-Chon : D’une perspective existentielle, je pense que cette pandémie valide et met en lumière ce qu’est vraiment le Wellness. Il nous a été demandé, avec une rapidité sans précédent, de faire une pause, de réfléchir, de tout remettre à zéro… d’être proactifs et de prendre en main notre propre santé, la santé de notre famille et de notre communauté. Le mouvement du Wellness traverse une période cruciale de son histoire et se voit maintenant chargé d’une mission supérieure. Nous devons tout mettre en oeuvre afin de réduire l’écart qui existe entre le monde médical et pharmaceutique d’un côté et le monde du Wellness et de la prévention santé de l’autre. Cela implique de vrais changements, d’impliquer les institutions du système de santé et de mériter de siéger à la table des négociations (par opposition à juste observer de loin les défaillances du système).
La Covid-19 a accéléré un changement énorme accompagné d’une polarisation croissante : l’on se concentre beaucoup plus sur les fondamentaux (la famille, les valeurs humaines, être présent à soi et à son environnement, vivre en pleine conscience) mais dans une dynamique d’hyper-accélération vers une nouvelle ère dominée par la technologie. La pandémie du coronavirus a ouvert une voie vers le potentiel du futur. Nous allons voir des innovations technologiques incroyables se répandre dans tous les aspects de la vie, que ce soit le travail à distance, la formation en ligne, ou dans la santé et le Wellness.

À quoi ressemblera le paysage du tourisme post-coronavirus ? Quels seront les secteurs gagnants et perdants de la reprise ?
C.F-C. : Il y a 17 ans, j’ai veçu l’épisode du SRAS en Asie et je pense rééllement que le tourisme fera un grand, grand retour. Les êtres humains ont un désir irrépressible d’exploration et de liberté, et aucun virus ni aucun attentat terroriste ne l’a jamais stoppé. Je pense notamment à la croissance et l’innovation de l’industrie du tourisme après les attentats du 11 septembre : l’apparition de nombreuses compagnies aériennes low cost (un levier de développement des mobilités touristiques) et d’une diversité de marques hôtelières positionnées sur des niches très ciblées.
Les courts séjours, le tourisme local et national vont monter en puissance. Les sondages révèlent que les Chinois sont impatients de voyager de nouveau à l’international, mais la réalité est qu’ils vont voyager à l’intérieur de leurs frontières, et la Chine a investi des billions de dollars dans un réseau moderne d’infrastructures routières et ferroviaires. Pour survivre cette crise, tous les hôtels du monde ont besoin de capter la clientèle nationale et doivent mettre en place un business model dans ce sens. C’est ce qui a fonctionné lors de l’épisode du SRAS. Le marketing doit plus que jamais faire petit mais hyper ciblé : Hong Kong est sur le point de déployer des campagnes pour promouvoir Hong Kong auprès des Hongkongais. Nous allons voir cette stratégie être déployée dans tous les domaines maintenant.
Je pense que les perspectives à long terme sont inquiétantes pour le tourisme d’affaires et qu’il faut reconfigurer son business si c’est votre seul marché cible. Le travail à domicile a révélé tout ce qui pouvait être accompli grâce à Zoom, et l’on sait maintenant que tous ces déplacements professionnels ne sont plus nécessaires.

La tendance du « bien-être chez soi »

Quels autres secteurs du Wellness seront bousculés par le coronavirus  ?
C.F-C. : La maison sera réinventée. Le confinement à l’échelle globale nous a donné une autre vision du chez soi. Si nous avons toujours perçu le design au travers d’un filtre purement superficiel ou esthétique, maintenant la perspective s’orientera de plus en plus vers un design fonctionnel, axé sur le bien-être. La tendance du « bien-être chez soi » et de la communauté bien-être va gagner en ampleur, que ce soit via des choses simples telles que créer son propre « espace bien-être » à la maison ou bien avec le développement de projets immobiliers où tout est pensé pour promouvoir le bien-vivre.
Nous travaillons actuellement sur le plus grand projet de résidence axée sur le bien-être de la communauté en Asie : le Tri Vananda sur l’île de Phuket (2022). Ce projet place la barre très haut : 93 hectares de lacs et de villas durables, une basse densité de logement à l’hectare, des potagers biologiques, des pavillons dédiés à la méditation, un Spa, des installations de médecine fonctionnelle de pointe et des médecins sur site. Le projet est conçu pour toutes les générations et pour transmettre aux générations futures les principes de la permaculture et du zéro déchet. C’est l’avenir. Ce à quoi l’on aspire.

Vous êtes une reine de la communication. Que pourriez-vous partager avec les professionnels pour une stratégie de communication pertinente par temps de crise ?
C.F-C. : Cette pandémie a complètement bouleversé notre manière de communiquer. Avec l’ancien modèle, l’on utilisait des scénarios et planifiait des réponses selon de possibles évènements négatifs hypothétiques. Mais là tout évolue à un rythme éffréné et l’opinion publique peut changer d’une minute à l’autre.
Vous ne pouvez pas attendre que la crise vienne menacer votre image ; il faut avoir un état d’esprit combatif avant que l’on vienne frapper à votre porte. Quand je vois le nombre d’entreprises qui ne communiquent pas, de façon proactive et transparente, tout ce qu’ils mettent en place en termes de sécurité sanitaire, j’ai du mal à le croire. Tout le monde doit faire en sorte que cela soit le message N°1 dans ses communications, ses rédactions, sur son site. Au minimum, envoyez un email, soyez transparents et donnez tous les détails.

Quels sont les avantages potentiels de cette crise ?
C.F-C. : Nous avons vécu un temps de profonde introspection. En tant qu’entreprise, nous devons réfléchir à ce que nous offrons, qui nous sommes, qui nous voulons être. C’est le fil rouge de mes discussions avec mon équipe : on ne peut pas se baser sur la croyance que les anciens systèmes continueront à fonctionner dans le futur, et même si c’est le cas, il faut alors se demander comment ils pourraient encore mieux fonctionner. C’est comme défaire une construction de Légo, pièce par pièce, en examinant chaque détail afin de comprendre comment mieux tout reconstruire. Le coronavirus a révélé des problèmes, décalages et fissures dans toutes les organisations et faire un travail de réflexion nous oblige à sortir de notre zone de confort car il expose à la fois des forces et des faiblesses. C’est une vraie opportunité car nous devons TOUS changer dès aujourd’hui. La pandémie a beaucoup été utilisée comme métaphore pour un monde global composé d’interconnexions. L’impact positif ? Cela va lancer une toute nouvelle ère basée sur le lien social et la collaboration.

– Interview organisée et menée par Beth McGroarty –


« Les crises précédentes nous ont montré que le Wellness est un concept et un marché particulièrement résilient. »

Amaya Weddle Vice-Présidente, Recherche & Marketing Produit, Mindbody

Amaya Weddle
Vice-Présidente, Recherche & Marketing Produit, Mindbody

Amaya Weddle a un doctorat en Interaction Humain-Machine & Science Cognitive de l’Université de Sans Diego, douze ans d’expérience dans la direction d’activités de recherche pour des entreprises technologiques, et elle est sur la liste des inventeurs de plus de 40 brevets technologiques. Vice-Présidente de la Recherche & Marketing Produit à Mindbody, elle dirige une équipe de chercheurs avec comme mission de transformer l’industrie du Wellness grâce aux nouvelles technologies. Amaya se passionne de l’étude de la cognition humaine, des mécanismes comportementaux, de la culture et des tendances du marché, afin d’inventer les solutions Wellness de demain.

Amaya, Mindbody a des dizaines de milliers de clients professionnels dans le Wellness, Spa et Fitness, et les clients de vos clients se comptent en millions. La recherche fascinante que vous avez conduite révèle l’impact de la Covid-19 sur les comportements du client Wellness. Quelles informations vous ont le plus surpris ?
Amaya Weddle : Revenons un instant en arrière, avant la pandémie. L’année dernière, nous commencions à voir une vague de solutions intelligentes et d’équipements maison arriver sur le marché du fitness. Donc, lors de notre conférence BOLD en août 2019, j’ai donné une présentation à la pointe de l’industrie. Est-ce que cette vague de solutions intelligentes pour le fitness représente une réelle menace pour les salles de sport ? Est-ce que la vidéo mettra fin à la popularité des coachs fitness en salle ? Nous avions partagé une étude sur les consommateurs des salles de sport qui révélait que le fitness digital et le fitness en salle étaient dans une dynamique beaucoup plus complémentaire que concurrentielle. À ce moment-là, le consommateur n’adoptait le digital que très peu : seulement 7% des consommateurs s’entraînaient en streaming. J’ai alors soutenu que le digital ne semblait pas être une menace sérieuse, et que les consommateurs des salles de sport n’abandonneraient jamais cette expérience authentique et communautaire.
Notre rapport de recherche pour le mois d’avril a montré qu’avec la Covid-19, 85% des consommateurs avaient participé à des cours en ligne et en direct, au moins une fois par semaine, un chiffre énorme. C’est juste incroyable ! Nous nous sommes penchés sur l’analyse des mots clés (la data n’était pas parfaite) et avons vu que des milliers de nos salles de sport partenaires avaient mis en place une offre de cours en ligne – vous voyez de quoi il s’agit : la transformation éclair des business grâce à Zoom, etc. Avec cette extraordinaire et rapide mutation vers le digital, il nous apparaissait évident que nous devions apporter une solution de live streaming à nos clients Wellness le plus vite possible. En mai, nous l’avons lancée et déployée auprès de 100% de nos clients. La mise sur le marché de cette solution a été une des expériences les plus incroyables de ma carrière.
Les tendances technologiques existaient avant la crise mais la Covid-19 a fortement accéléré leur développement. Maintenant, quand je vois les données, je pense que tous les établissements Wellness vont devoir adopter une stratégie digitale. Pour beaucoup cela ne représentera pas leur gagne-pain, mais pour certains oui. Ils basculeront vers le « tout digital » et pourront dire adieu à ce loyer élevé.
Avec la Covid-19, 85% des consommateurs ont participé à des cours de sport en ligne et en direct, au moins une fois par semaine.

Est-ce que vous diriez alors qu’à l’avenir, le modèle dominant pour le fitness, yoga, etc. sera un modèle hybride physique/digital ?
A.W. : Oui. Nous savons que parmi les consommateurs de fitness en salle, près de la moitié prévoit d’incorporer des expériences en ligne dans leur quotidien, même lorsque les établissements auront rouvert car cela présente tout simplement tellement d’avantages, c’est tellement pratique.
La séance d’entraînement et la facilité d’accès aux cours sont formidables, mais la pérennité se trouve dans l’expérience communautaire. La crise du coronavirus a révélé que dans le Wellness, il n’y a pas de paradoxe digital / communauté et que ces deux dimensions peuvent co-exister de façon autonome. Nos études ont montré qu’avec la Covid-19, 62% des consommateurs ont participé à des cours en ligne auprès d’établissements où ils s’étaient dejà rendus avant le confinement.

Tout le monde s’accorde à dire que la Covid-19 va aggraver les inégalités de revenus, et l’on peut s’attendre à ce que l’industrie du Wellness voie encore plus d’inégalités qu’avant : des expériences onéreuses, avec des formats de cours privés ou en petits groupes pour ceux qui ont de l’argent, mais quelle offre pour tous les autres ? Comment est-ce que le digital pourrait améliorer la situation ?
A.W. : Les entreprises réfléchissent à leurs politiques tarifaires pour la réouverture, et il y a beaucoup de choses à prendre en compte. Je pense vraiment qu’un modèle solide sera de proposer des cours (un peu plus chers) pour un nombre limité de personnes qui seront diffusés en direct pour une clientèle beaucoup plus large et à un tarif inférieur.
Ainsi utilisé, le digital est un outil puissant de démocratisation et c’est la raison pour laquelle nous sommes impatients de développer de nouveaux axes grâce au digital. C’est une solution plus abordable, qui permet de toucher une nouvelle clientèle et des populations mal desservies par le Wellness. Le marché reste difficile d’accès, et mettre tout en oeuvre pour l’ouvrir au plus grand nombre fait partie de la mission de notre entreprise.
De plus, le fait de pouvoir essayer un cours en ligne le rend extrêmement attrayant. Arriver dans une nouvelle salle de sport peut être intimidant. Mais l’on peut se joindre à un cours en ligne de manière très spontanée, et si cela ne plaît pas, pas de problème, on passe à autre chose. Les solutions digitales peuvent aider ceux qui se sentent intimidés, ou mal à l’aise, à faire le pas et l’on peut trouver l’expérience ou la communauté fitness/wellness la plus adaptée à ses besoins, sans se préoccuper de sa situation géographique.

Fitness, yoga, méditation… toutes ces offres peuvent passer au digital de manière plutôt efficace. Mais avec les Spas, les instituts de beauté et les salons de coiffure, le praticien a besoin de FAIRE quelque chose. C’est la définition des métiers du toucher. Est-ce que le digital représente une réelle force d’attraction ou une solution de développement futur pour ces secteurs ?
A.W. : Nous avons observé quelques initiatives innovantes de Spas, instituts de beauté et salons de coiffure qui ont rapidement proposé des consultations en ligne pendant le confinement, allant du diagnostic de peau (qui aboutit à la livraison d’un kit de produits à la maison) à des cours de soin du cheveu. Mais nos données montrent que la majorité de ces entreprises n’est pas très convaincue qu’une offre en ligne puisse avoir de rééls bénéfices sur le long terme. Il y a eu de la demande, mais pas au même niveau. Notre dernier rapport de recherche a révélé que seulement 22% des consommateurs sont intéressés par les offres digitales de soin de peau et 24% par les consultations en ligne avec un coiffeur.

Donc, alors que les Spas et instituts rouvrent, qu’en est-il de la demande ? Quels services seront les plus recherchés dans un premier temps ? Quelles sont les attentes en termes de sécurité ? À quoi va ressembler la nouvelle expérience Spa ou institut de beauté ?
A.W. : Bonne nouvelle : en ce qui concerne l’idée de revenir, le niveau de confort des clients est plutôt élevé. 54% se sentent suffisamment à l’aise pour se rendre à nouveau dans un établissement Wellness, 49% pour un massage, 47% pour une manucure. Côté Wellness, 54% disent prévoir de se rendre tout d’abord dans un Spa. Les soins à domicile vont gagner en popularité : 52% disent être intéressés par bénéficier d’un massage à domicile.
Nos études montrent que la sécurité joue un rôle prépondérant. Bien que 79% disent qu’ils retourneront aux Spas, instituts et salons qu’ils fréquentaient avant la pandémie, 36% disent qu’ils choisiront l’établissement qui aura créé l’environnement le plus sûr, et 90% annoncent que la mise en place de mesures sanitaires strictes sera un facteur important lorsque le moment sera venu de choisir dans quel établissement ils se rendront.
Pour répondre à cette attente, les Spas, instituts et salons devront mettre en place de nouvelles technologies et procédures. Si, auparavant, ces business fonctionnaient avec une combinaison de réservations et de visites sans rendez-vous, aujourd’hui nous parlons de « la fin des arrivées sans rendez-vous ». Avec une capacité d’accueil plus limitée (parce que l’on doit revoir le nombre de personnes que l’on autorise dans son espace), la réservation en avance est devenue primordiale. De plus, la réduction du nombre de clients est un facteur déterminant de la prise de décision pour 85% des consommateurs. Les opérateurs auront besoin de mettre en place une gestion de la liste d’attente, et nous sommes en train de développer une solution de liste d’attente intelligente qui informe automatiquement le client par SMS si un créneau se libère.
Les consommateurs recherchent des interactions avec peu, voire aucun contact. Ceci vient également marquer la fin de la salle d’attente (et 69% des consommateurs souhaitent que la salle d’attente disparaisse). Les établissements qui ont rouvert ont fermé les espaces communs.

Amaya, pour conclure, quelles sont vos prévisions pour le marché Wellness post-coronavirus ?
A.W. : Je suis très optimiste. Nous vivons aujourd’hui dans une économie de l’expérience et le Wellness en est un élément clé. Après ce long traumatisme, je pense que les gens seront davantage incités à consommer des expériences qui favoriseront leur bien-être. De plus, lorsque les gens doivent limiter leurs dépenses, je pense qu’ils donnent la priorité à quelque chose qui leur font se sentir mieux, pour eux-mêmes ou pour leur famille. Et les crises précédentes nous ont montré que le Wellness est un concept et un marché particulièrement résilient.
Je pense que le bien-être mental deviendra un sujet encore plus important. Le contexte actuel a modifié nos priorités et besoins, et a clairement mis en évidence les défaillances du système de santé en ce concerne le bien-être mental. Maintenant, lorsque l’on parle avec les autres, ce qui ressort c’est que toutes les formes de bien-être ont gagné en importance. La Covid-19 a révélé ce qui est vraiment important : la santé physique et mentale et le lien avec la famille et les amis. Cette crise a vraiment accéléré la popularisation du Wellness.

– Interview organisée et menée par Beth McGroarty –



« Une caractéristique clé des « nouveaux + de 50 ans » est que la santé et le bien-être font partie de leurs plus grandes priorités ; il s’agit de consommateurs Wellness très avisés qui s’assument complètement. »

David Stewart Fondateur de Ageist

David Stewart
Fondateur de Ageist

David Stewart est le fondateur et le visage de AGEIST, une entreprise média et agence de communication dédiée à représenter le dynamisme et l’influence des + de 50 ans. Il est un expert reconnu et un défenseur passionné du lifestyle moderne des + de 50 ans, ainsi que de l’état d’esprit et des aspirations qui motivent ce segment de la population à fort potentiel.

David, vous êtes l’expert N°1 du segment des plus de 50 ans, une tribu globale qui est en train de réinventer le vieillissement de toutes les manières possibles et imaginables. Quel a été l’impact le plus frappant sur ce segment de la population ?
David Stewart : Il y a eu – et il y aura – tellement d’effets fascinants du coronavirus sur les + de 50 ans. Le plus important étant qu’aujourd’hui, les gens vivent plus longtemps, mieux et sont plus en forme que jamais. Les + de 50 ans se trouvent au sommet de leur potentiel. Mais tout d’un coup, avec la Covid-19 on nous dit que nous représentons une catégorie de personnes à risque. Comment est-ce que le fait de se sentir au meilleur de sa forme se confronte au fait de s’entendre dire qu’on fait partie d’un groupe à haut risque ?
L’idée catégorique selon laquelle votre âge équivaut à un système immunitaire vulnérable est aujourd’hui remise en question. 60% des Américains sont en surpoids, 40% sont obèses, à cela s’ajoute toutes les personnes qui souffrent d’hypertension artérielle ou de diabète ou qui fument ou vapotent. Là tout d’un coup vous avez 70% de la population à risque et l’on ne peut tout simplement pas réduire cela à une question d’âge.
Une caractéristique clé des nouveaux + de 50 ans est que la santé et le bien-être font partie de leurs plus grandes priorités ; il s’agit de consommateurs Wellness très avisés qui s’assument complètement. Leur philosophie de vie se voit renforcée dans le contexte actuel.
Mais il est certain que le sentiment d’invulnérabilité des + de 50 ans a été touché. Nous allons voir ce qui va se passer, au fur et à mesure que l’on en saura plus au sujet de ce virus et du facteur de l’âge. C’est sûr qu’il existe d’autres facteurs qui ne sont pas encore compris : les niveaux de vitamine D, les niveaux de NAD, la génétique – il y a tellement de mystères autour de ce virus et de ses effets sur les individus.

Quels sont les développements qui progressent à la faveur de la Covid-19 et qui ont des conséquences importantes pour les personnes plus âgées ?
D.S. : Tout d’abord, un développement important est clairement la télémédecine dont l’essor sera durable et dont l’impact positif bénéficiera à tous, particulièrement aux personnes plus âgées. La télémédecine est immédiatement passée de concept balbutiant à pratique courante promise à un bel avenir.
Un deuxième secteur qui sera impacté est le logement des personnes âgées où le virus a causé des tragédies à huis clos. Il est important de ne pas généraliser car toutes les organisations avec qui nous travaillons ont réalisé un travail phénoménal qui leur a permis de protéger les résidents. Il y a de bonnes installations et des moins bonnes. Je pense que nous allons voir l’accent mis sur la valeur bénéfique de la communauté, par opposition à l’isolement. Le virus a révélé un certain nombre de faiblesses et ouvert des discussions qui, je l’espère, mèneront à des solutions post-Covid.
Un autre changement majeur est l’accroissement soudain du télétravail – les collaborateurs et les entreprises s’y habituent petit à petit – qui pourrait avoir un impact puissant sur le monde post-coronavirus : du choix du lieu d’habitation à la réduction considérable de la destruction de l’environnement causée par toutes les voitures et déplacements maison-travail, en passant par la maison du futur.

Thursday Happy Hour Show, diffusée via Zoom, co animée par Chip Conley et David Stewart


Nous vivons actuellement dans un contexte où tout a été digitalisé, de nos cours de fitness à nos comportements alimentaires. Pensez-vous que ces nouvelles habitudes et plateformes vont durer dans la société post-coronavirus ?

D.S. : Les gens vont s’habituer au « tout digital » durant cette ère de vie à domicile et cela finira par devenir un état d’esprit. Il y a quelques mois je n’aurais jamais pensé faire du yoga en ligne. Mais quand tout ça sera passé, cela restera une option solide, simple et viable pour moi. Inversement, les interactions dans la vie réelle auront beaucoup plus de valeur. Les appels Zoom transmettent une toute petite portion de l’information par rapport à une réelle interaction en personne.
Au début de la pandémie, je pensais que les services de streaming musical et les podcasts allaient connaître un boom. Mais ils étaient initialement en baisse parce que les gens voulaient de la vidéo. Nous avons besoin de voir d’autres êtres humains. Nous sommes une espèce sociale et notre cerveau a besoin de l’autre pour fonctionner au travers de reflets et réactions.
C’est fascinant de voir comment Zoom est en train d’être utilisé et toutes les choses incroyables que les gens accomplissent avec cet outil. Notre émission hebdomadaire, Thursday Happy Hour Show, que j’anime avec Chip Conley, attire plus de 1 000 personnes de plus de 20 pays. Nous avons récemment partagé une grande expérience de deux heures (pas un évènement) sur Zoom, en collaboration avec Chosen Experiences, qui se base énormément sur la science afin de guider les gens vers un état de « flow ». C’était très interactif et avait aussi pour but de créer de nouveaux rapports humains. L’on n’aurait jamais pensé mener ce genre de programme Wellness en ligne auparavant. L’expérience a été une réussite et nous a donné envie de continuer.
Dans le monde du « tout digital » actuel, nous conseillons à nos clients de se concentrer également sur la présence physique pour se différencier. Envoyez quelque chose, donnez aux gens quelque chose qu’ils peuvent tenir dans leurs mains, sentir ou goûter. Le tactile se perd dans le digital, et ces valeurs – le toucher ou l’olfactif – seront dorénavant exponentiellement plus importants.

David, pour conclure : les modèles épidémiologiques – comment cela va évoluer et pour combien de temps – dessinent de sombres perspectives. Qu’est-ce qui vous donne un réel espoir ?
D.S. : Les modèles scientifiques – l’impact de la distanciation physique, les courbes d’infection – sont très utiles mais ne donnent pas une vue d’ensemble. Nous devons garder en tête que les meilleurs cerveaux de la planète travaillent non seulement sur un vaccin, mais aussi (dans tellement de secteurs différents) sur d’autres angles d’amélioration. On ne peut pas modéliser (ni sous-estimer) les nombreuses innovations et avancées qui sont en cours et qui vont changer la vie des gens ainsi que la trajectoire de cette maladie. Nous allons voir des centaines de milliers – des millions – d’innovations être mises en œuvre sur l’ensemble du globe, que ce soit de nouvelles formes de protection ou de nouvelles formes de divertissement.
L’individu a un pouvoir de résilience dont il n’avait pas conscience jusqu’à aujourd’hui. Nous nous adapterons à la « prochaine normalité » : donc je dois me laver les mains, porter un masque, toujours avoir du gel hydro-alcoolique sur moi et travailler à la maison. D’accord. On peut le faire et nous innoverons au fur et à mesure afin d’améliorer ces circonstances. Lorsqu’on additionnera toutes les innovations, grandes et petites, qui vont voir le jour, le résultat sera énorme. Donc ma vision de l’avenir est très loin d’être dystopique.

– Interview organisée et menée par Beth McGroarty –



« Il n’est pas possible de rester en bonne santé et de se sentir bien si l’on ne créé pas des environnements qui renforcent le bien-être plutôt que de l’affaiblir. »

Katherine Johnston & Ophelia Yeung Directrices de Recherche, Global Wellness Institute

Katherine Johnston & Ophelia Yeung, Directrices de Recherche, Global Wellness Institute

Ensemble, elles ont quatre décennies d’expérience dans la conception et la coordination d’activités de recherche et de développement stratégique au profit d’entreprises, universités, organismes de recherche et organisations multilatérales et gouvernementales, sous l’égide de SRI International, une entreprise basée à la Silicon Valley et spécialisée dans les domaines technologiques et scientifiques.
Depuis 2008, Katherine Johnston et Ophelia Yeung travaillent avec l’équipe pour créer ce que le Global Wellness Institute est devenu aujourd’hui : une organisation pionnière de la recherche de pointe dédiée à l’économie mondiale du Wellness.

Ophelia, le GWI participe à la commission créée par le Vatican pour réfléchir à l’après Covid-19 et la construction d’un monde meilleur au travers d’une série de livres blancs intitulée : « La remise à zéro du monde avec le Wellness ».
Ophelia Yeung : Effectivement, la Santé et le Wellness constituent un pilier clé de la réponse apportée par cette initiative, avec l’Écologie, l’Économie et la Sécurité. En ces temps difficiles, le Wellness peut offrir une vision du futur et fournir une feuille de route pour la guérison et l’évolution du monde. Cette série de livres blancs s’appuie sur notre connaissance approfondie du Wellness en tant que concept et pratique ; intègre des faits, données et bonnes pratiques ; fait appel à une approche interdisciplinaire ; et recommande des stratégies qui peuvent aider la remise à zéro du monde dans un état d’esprit proactif et orienté Wellness. La remise à zéro basée sur le Wellness que propose cette série de livres blancs s’articule autour de nombreux sujets dont l’environnement bâti, l’environnement professionnel et le bien-être mental pour n’en citer que quelques-uns.

Il semblerait que la crise de la Covid-19 tire la sonnette d’alarme pour que le monde se recentre sur le bien-être, qu’en pensez-vous ?
O.Y. : La crise de la Covid-19 tire la sonnette d’alarme pour le monde entier. Les gens vaquaient à leurs occupations habituelles, le travail, l’école, les activités… puis, en seulement quelques semaines, des centaines de milliers d’individus étaient décédés, des millions infectés, et la moitié de la population mondiale vivait une forme de confinement. Jamais la santé et le bien-être ne s’étaient détériorés aussi rapidement et de manière simultanée pour un si grand nombre tout autour du globe.
La réponse déployée dans le monde afin de contrer la propagation du coronavirus a fait appel à des mesures sans précédent : confinement, fermeture des écoles et des entreprises, interdictions des rassemblements, restrictions de voyage, etc. Le bien-être mental, des habitudes saines, la force des liens familiaux, la bienveillance d’un cercle d’amis et le soutien de la communauté, tout cela donne le courage de faire face à l’adversité, d’aider les autres, de garder espoir et de sortir de cette crise encore plus fort.
Le Wellness prend tout son sens dans les périodes difficiles comme celle que nous vivons actuellement. Le Wellness est la recherche active d’activités, de choix et de mode de vie qui mènent à un état de santé holistique. Notre bien-être a de multiples facettes, englobant les dimensions physique, mental, émotionnelle, sociale, environnementale et spirituelle. On ne peut pas se sentir entier, accompli ni se sentir bien si un de ces pilier est manquant ou en carence ; chaque dimension renforce ou affaiblit une autre. En définitive, une base solide pour le bien-être nous aide à prévenir et vaincre la maladie, à la fois pour le présent et pour le futur. Le Wellness renforce nos esprits et notre résilience afin de faire face à la crise de la Covid-19 ainsi qu’à d’autres challenges.
Le Wellness demande à chacun d’être volontaire, proactif, responsable et autonome afin de s’engager dans des comportements sains. Cependant, nos environnements quotidiens, nos cadres de vie peuvent limiter et influencer nos choix, et des circonstances extérieures peuvent rendre les habitudes saines difficiles à mettre en place. Les familles, amis, communautés, entreprises et gouvernements, façonnent nos vies et déterminent si nous avons accès ou non au bien-être. Il y a des souffrances liées à la crise de la Covid-19 qui pourraient être diminuées si nous renforcions nos bases dans le Wellness. Ces temps difficiles nous montrent là où nous devons établir des priorités pour notre avenir, et là où le Wellness peut nous donner une feuille de route vers la guérison et l’évolution.

Katherine, selon vous, quelle vision offre le Wellness pour le monde d’après Covid-19 ?
Katherine Johnston : Aujourd’hui, force est de constater que notre système de santé n’arrive pas à nous garder en bonne santé. Dans le monde entier, les systèmes de santé ne sont pas suffisamment préparés pour s’occuper du nombre croissant des personnes qui vont atteindre un âge avancé ou qui souffrent de maladies chroniques, de troubles mentaux… Des problématiques spécifiques varient d’un pays à un autre, mais globalement il y a des problèmes de coûts, d’inégalités sociales de santé et d’accès aux soins. Les dépenses de santé représentent déjà environ 10% du PIB mondial et augmentent plus rapidement que la croissance économique. Et pourtant, la hausse tendencielle des dépenses n’a pas réussi à contrer le développement des maladies chroniques et des troubles mentaux, car notre système de santé actuel est principalement un système de « soin de la maladie ». Il se concentre sur le diagnostic et le traitement des maladies et blessures, les soins aigus et les solutions pharmacologiques, plutôt que d’utiliser une approche holistique pour aller vers la prévention et un mode de vie sain. Il n’est pas possible de rester en bonne santé et de se sentir bien si l’on ne créé pas des environnements qui renforcent le bien-être plutôt que de l’affaiblir.
L’effort déployé face à la Covid-19 est sans précédent car il a exigé que nous travaillions ensemble afin de lutter contre une crise de santé publique de portée mondiale. Les décisions gouvernementales sont maintenant déterminées par le besoin impératif de contenir les souffrances physiques et économiques des citoyens. On demande aux entreprises, communautés et individus de changer leurs comportements afin de stopper la propagation du virus – allant du télétravail et l’école à la maison aux lavages de mains et port du masque. Imaginez si, lors de la sortie de crise, nous appliquions la même détermination et cet esprit de collaboration pour lutter contre le mal-être omniprésent et généralisé – physique, mental, social et environnemental – qui nous entoure. Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire pour renforcer nos bases dans le Wellness et développer de la résilience pour soi-même, pour nos familles et nos communautés – mais passer à l’action va nous demander de revoir nos priorités et de changer nos comportements à tous les niveaux.
Le pas le plus important vers le Wellness est de commencer à le faire dans nos propres vies. Cela implique de revoir notre état d’esprit et nos comportements, au lieu de simplement traiter une maladie et réagir face à l’adversité. Chacun doit s’engager et être proactif afin de mener une vie bien remplie, saine et épanouie. En agissant ainsi pour son autonomie et bien-être, l’on peut prendre soin de soi et de notre famille, et aider nos amis et notre communauté.

Pour conclure Katherine, les gouvernements doivent-ils adopter le Wellness comme valeur centrale aux politiques et investissements publiques ?
K.J. : Le produit intérieur brut, l’emploi, le commerce et les investissements ont longtemps été les principales motivations des décisions gouvernementales ainsi que des indicateurs clés de « succès ». Avec la crise actuelle, il n’a jamais été aussi clair que la croissance économique ne garantit en rien la santé et le bien-être individuel ou social. Alors que nos économies et communautés sont marquées par la croissance de la polarisation et des inégalités – et alors que les plus pauvres et les plus vulnérables souffrent le plus à cause de la pandémie actuelle – l’adage « la santé, la nouvelle richesse » est plus vrai que jamais. Avec l’accroissement des maladies chroniques et des troubles mentaux, le vieillissement de la population et l’augmentation insoutenable des dépenses de santé, le Wellness est la seule approche raisonnable qu’un gouvernement puisse adopter pour augmenter la résilience et faire en sorte que les citoyens restent heureux et en bonne santé. À l’heure actuelle, le Wellness n’est pas bien compris par les gouvernements. Le Wellness est complémentaire à nos systèmes de santé et politiques de santé publique, mais reste très différent.
Afin de renforcer nos bases dans le Wellness et de créer des environnements favorables au bien-être, les gouvernements doivent placer la santé et le bien-être au premier plan dans leurs priorités et prises de décisions, et utiliser le Wellness comme grille d’analyse des politiques et investissements publiques à tous les niveaux (du local au national).

– Interview organisée et menée par Isabelle Charrier –

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