Dans ce rapport qui se fonde sur les analyses de centaines d’experts issus des secteurs de la santé et du bien-être qui se réunissent annuellement lors du Global Wellness Summit, chaque tendance majeure est minutieusement explorée, enrichie d’idées novatrices, de sous-tendances émergentes et d’exemples d’entreprises à l’avant-garde de ces évolutions.
Sense of WELLNESS Magazine vous en propose un aperçu qui se concentre sur la polarisation du marché du Wellness, avec d’un côté le « hardcare », l’approche médicalisée, high-tech et technique ; et de l’autre le « softcare », une approche plus simple et douce, qui privilégie le bien-être émotionnel, social et spirituel. Une polarisation déjà décrite lors de l’édition précédente du rapport et qui se confirme davantage cette année.
LE BIEN-ÊTRE ANALOGIQUE
Par Beth McGroarty
Face à un Internet de plus en plus toxique, marqué par la désinformation et la surconsommation, de plus en plus de personnes adoptent des comportements intentionnels et délibérés pour réinventer leur rapport au numérique. Pour le GWS, 2025 sera une année charnière dans l’adoption d’un mode de vie plus analogique.
En toile de fond de cette tendance : le retour du rétro-tech (appareils photo argentiques, l’expérience d’écoute sur vinyle, les téléphones basiques, les machines à écrire vintage, les livres papier, les montres analogiques…) ainsi que l’essor des clubs, salons et bars où on oublie les écrans au profit de la connexion humaine et de la créativité, à l’image du Offline Club aux Pays-Bas, où les téléphones sont enfermés le temps d’une soirée de lecture, de dessin ou de jeux. Au-delà de l’esthétique rétro-tech, adoptée comme une expression chic d’une révolte contre la connectivité omniprésente, la tendance de fond est le désir de reprendre le contrôle sur notre attention, notre vie privée et nos interactions, et de restaurer dans nos vies davantage de temps dédié à la connexion humaine, au calme et aux loisirs créatifs plutôt qu’à la consommation passive et isolée de contenus en ligne.
Alors que la « détox digitale » existe depuis longtemps, une approche plus aspirationnelle et inspirante se dessine, que le rapport illustre par de nombreux exemples d’hôtels, de resorts et de centres de bien-être urbains qui expérimentent avec des offres rétro-tech. Par exemple : au Farris Bad en Norvège, le Spa propose des « Deep Listening Sauna Sessions », invitant à appréhender la musique de façon plus intime, lente et spirituelle, lors d’une session de sauna où le choix d’un album vinyle se fait en fonction de la saison et de l’ambiance émotionnelle du moment. Ou encore l’Hôtel Ranga, en pleine nature près de Reykjavik, qui offre à ses clients un « menu analogique » comprenant des appareils photo jetables, des cartes géographiques imprimées, des jeux de cartes et des livres de coloriage. Enfin, à Londres, Studio Pottery London s’est associé à Re:Mind et LondonCryo pour créer un programme qui combine expériences bien-être et loisirs créatifs pour revitaliser le corps et l’esprit : séance apaisante de sonothérapie avec des bols en cristal, cours d’initiation à la poterie pour découvrir l’art méditatif du modelage de l’argile, et séance revigorante de cryothérapie corps entier pour éliminer les tensions et stimuler la production d’endorphines.
« Dans notre monde trépidant, ralentir et profiter du voyage peut être un exercice de pleine conscience en soi. »
LA RÉINVENTION DU SAUNA
Par Jane Kitchen
Le rapport explore la renaissance globale de la tradition du sauna, et nous plonge dans sa réinvention, allant des nouveaux saunas sociaux qui deviennent des lieux insolites de divertissement, aux saunas poétiques et rustiques au bord de l’eau.
L’essor du mouvement Aufguss est un élément clé de cette renaissance du sauna. Cette expérience de sauna théâtrale captive désormais des publics tout autour du monde. Par exemple : en 2022, les États-Unis ont inauguré leur premier évènement sauna au Resorts World AWANA Spa & Wellness de Las Vegas ; et au Royaume-Uni, le premier festival du sauna, Saunaverse, a eu lieu en 2023.
Présent depuis des milliers d’années, le sauna restera une tradition essentielle du bien-être à travers le monde, chaque pays apportant sa propre vision à son avenir, que ce soit en l’associant à d’autres formes de divertissement comme les installations d’art numérique ou grâce à l’inventivité des architectes qui, expérimentant avec des nouvelles formes, repoussent les frontières du design traditionnel du sauna.
LE BIEN-ÊTRE SUR LES RAILS ET EN MER
Par Jane Wilson
Que ce soit en bateau ou en train, cette année le rapport offre un panorama complet de deux modes de transport qui répondent au désir de voyager de manière plus lente et réfléchie.
Ouvrant la voie au bien-être sur les rails, l’opérateur des trains de luxe Belmond est mis à l’honneur et, que ce soit à bord du Royal Scotsman ou du Eastern & Oriental Express, Dior Spa qui représente l’épitome de l’expression de cette tendance, alliant le voyage lent à l’enchantement et une approche holistique de la beauté et du bien-être.
En parallèle, le rapport prédit une augmentation des voyages en train pour allier exploration bien-être : avec de nombreuses villes thermales accessibles par train tout autour de l’Europe, de nombreux itinéraires permettent de vivre des activités de bien-être locales authentiques. Par exemple : un voyage pour se plonger dans les bains thermaux historiques de la République tchèque, découvrir la ville thermale glamour de Baden-Baden en Allemagne, ou encore visiter Bath en Angleterre et y explorer les bains romains avant de profiter d’un cosy teatime l’après-midi.
Dans l’univers des croisières, les Spas ont longtemps été un élément incontournable de l’expérience à bord, mais ces derniers ont franchi un nouveau cap, offrant désormais installations et expériences à la pointe du bien-être, à l’image d’Explora Journeys qui propose un espace thermal multisensoriel ou de Scenic qui intègre saunas infrarouges et thérapie sonore tibétaine, soins signature inspirés de l’océan et ateliers Wellness animés par des experts.
Alors que le slow travel continue de gagner en popularité, le GWS prévoit que les offres de bien-être deviendront un moyen clé pour ces secteurs de se différencier dans un marché de plus en plus concurrentiel.
« Aucune tendance n’illustre mieux l’hyper-optimisation poussée à l’extrême que la tendance Biologie Augmentée, qui repousse les limites du potentiel du cerveau et du corps humain à des niveaux qui paraissent de l’ordre du surhumain. »
LA BIOLOGIE AUGMENTÉE
Par Olivia Houghton
Avec les progrès des technologies de santé et de l’IA, ainsi que l’intérêt croissant pour les offres de longévité, le « hardcare » n’aborde pas la santé comme étant quelque chose à maintenir, mais à activement optimiser et prolonger. Le GWS prévoit que nous verrons de plus en plus de produits à la pointe de la technologie et conçus pour optimiser les capacités physiques ou cognitives et le bien-être mental.
Avec l’essor des objets connectés permettant un suivi en continu d’indicateurs de santé liés à l’état de forme ou au sommeil, le rapport souligne que nous sommes passés d’une observation passive des informations à des changements de mode de vie, citant l’étude 2023 Huawei European Health Survey qui a révélé que 87 % des utilisateurs de montres intelligentes ont adopté de nouvelles habitudes saines. Ainsi, en mettant des processus biologiques inconscients sous contrôle conscient, le biofeedback (ou rétroaction biologique) permet une interaction entre le corps et l’esprit, passant de la simple mesure d’indicateurs à l’adoption d’habitudes saines.
Il y a cinquante ans, l’idée de fusionner la biologie humaine avec des technologies avancées semblait tout droit sortie de la science-fiction. Cependant, rassemblant de nombreuses avancées réalisées dans les domaines des interfaces cerveau-ordinateur, du neuro-bien-être, ainsi que de la robotique, le GWS met en lumière qu’aujourd’hui, cette intégration entre le corps et la machine n’est plus seulement une possibilité mais une réalité en pleine accélération.
« Une dualité se dessine entre engouement et vigilance, entre l’appétence accrue des consommateurs et leur méfiance face à la pratique du science-washing. »
LE PARADOXE DES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES
Par Jessica Smith
Gummies, ampoules, poudres, gélules… aujourd’hui, les compléments alimentaires sont présents sous une large variété de galéniques allant jusqu’à des options avancées telles que les patchs transdermiques ou les perfusions intraveineuses. Et les consommateurs en raffolent : selon l’Observatoire 2024 de Synadiet, au cours des 24 derniers mois, 61 % des Français ont consommé des compléments alimentaires, dont 77 % de façon régulière.
Ce qui représentait autrefois un simple achat de supplément nutritionnel, est devenu un comportement quasi-indissociable du « lifestyle holistique ». Ne se limitant plus aux laboratoires traditionnels de santé et de nutrition, le marché des compléments alimentaires se remplit de nouveaux acteurs comme EauLab, rivalisant d’inspiration marketing et de packagings esthétiques, et de plus en plus marques de bien-être déjà existantes intègrent cette catégorie à leur offre, à l’image d’Alo Yoga et ses shots de vitamines ou la marque de matelas intelligents Eight Sleep et son Sleep Elixir conçu pour faciliter l’endormissement.
Au travers de son analyse du marché en plein boom des compléments alimentaires, le GWS fait cas d’une dualité qui se dessine entre engouement et vigilance, entre l’appétence accrue des consommateurs et leur méfiance face à la pratique du science-washing où derrière des allégations savamment construites se cachent des promesses vides. Ainsi, les consommateurs seront de plus en plus nombreux à rechercher une authenticité fondée sur la science, et la simplicité et la transparence seront clés pour gagner leur confiance.
Dans ce contexte, parmi les multiples sous-tendances mises en lumière dans le rapport est l’hyperpersonnalisation des compléments alimentaires. Autrefois limitée à des recommandations ajustées selon des besoins temporaires comme le sport, la grossesse ou les examens), ou selon des types de compléments alimentaires comme la minceur, la digestion, l’immunité ou l’anti-stress, aujourd’hui la personnalisation peut se baser non seulement sur l’utilisation de données collectées grâce aux wearables ou tests de biomarqueurs, mais aussi l’analyse de ces données par des algorithmes IA, à l’image de Bioniq qui promet d’optimiser votre statut en micronutriments grâce à son algorithme breveté.
Avec la multiplication des rapports de tendances dans le secteur du Spa et du Wellness, l’équipe du rapport du GWS a souhaité que leur sélection réponde à certains critères et standards : les tendances choisies reflètent-elles des évolutions culturelles ou démographiques ? Abordent-elles des crises fondamentales ? Ont-elles un impact sur le bien-être d’un public plus large que l’élite privilégiée ? Capturent-elles une véritable nouveauté qui ne sera pas éphémère ?
Les dix tendances répondent à ces questions, chacune de manière différente. Ainsi, aux côtés des grands thèmes du rapport que sont la polarisation du marché et le rôle de l’industrie du Wellness dans des crises majeures, la plongée fascinante dans « Les ambitions Wellness du Moyen-Orient » par Thomas Morris, révèle les initiatives déployées dans la région qui combinent innovation, héritage culturel et développement durable.
Le bien-Être s’attaque dÉsormais
À des crises majeures
Face à l’explosion de la crise de santé mentale chez les jeunes, « Le bien-être des adolescents » par Kate O’Brien met en lumière la façon plus approfondie dont le secteur aborde le sujet. De nouveaux resorts et retraites émergent pour leur enseigner l’intelligence émotionnelle et la résilience. « Le bien-être face aux addictions » par Claire McCormack traite de l’émergence d’une nouvelle catégorie, avec un marché du bien-être prêt à briser les tabous entourant les addictions, explorant les centres de traitement médical de luxe intégrant des programmes de bien-être et les retraites dédiées aux personnes engagées dans une démarche de sobriété. Longtemps pointée du doigt pour sa surconsommation d’eau, l’industrie du Spa et du bien-être amorce « Un tournant décisif pour l’Eau dans le Wellness ». Cette tendance, rédigée par Jane Kitchen, montre comment des établissements s’engagent désormais activement dans la préservation et le renouvellement des réserves d’eau.
Enfin, avec des mutations démographiques transformant le monde du travail, « La longévité redéfinit le travail » par David Stewart met en lumière le rôle que l’industrie du bien-être pourra jouer en soutenant les employés souhaitant ou devant travailler plus longtemps.
CONCLUSION
Le rapport soulève des questions importantes en lien avec des crises qui peuvent nous touchent soit personnellement ou collectivement, et les réponses illustrées dans chaque tendance inspirent tantôt par leur générosité et clairvoyance, tantôt par leur audace et empathie. Quant à la polarisation du marché, le rapport offre de la matière à réflexion importante. Alors que l’optimisation high-tech et le slow Wellness tirent dans des directions opposées, dans un contexte complexe qui conjugue de plus en plus avec des excès de marketing et des déficits de science, les deux pôles du marché auront en commun le besoin de transparence et d’authenticité.
Plus d’information
Pour explorer toutes les facettes de ces dix tendances du 2025 Global Trends Report :
www.globalwellnesssummit.com/product/2025-future-of-wellness-trends-report
